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Nous avons parcouru la gauche de la rue. A droite, venait de la rue H.-Barbusse, faisant le coin, un ancien café qui fut tenu par Denève, marchand de
pommes de terre. Une clôture suivait, entrée de garages particuliers aujourd’hui. Et sitôt après, 3 maisons, sans étage, accolées.
A cet endroit les maisons un peu en retrait du chemin se trouvaient au moins un mètre en contrebas. Suivaient un jardinet et 2 maisons accolées toujours
là. La deuxième maison avait un jardin sur le côté. C’est à cet emplacement qu’au printemps de 1940, l’Armée
Britannique construisit une petite casemate, dont les doubles parois étaient faites de madriers, formant des cadres, et recouverts d’un très fort grillage à mailles en losange. Entre les parois, des
schistes et pierre provenant de terril, des mines de charbon fur déversé, pour constituer une grosse paroi. On voyait, sortant d’une ouverture et dirigé
vers le Nord Est du Mont d’Haluin, le tube d’un canon. Il ne servit pas. C’est qu’entre la casemate et la rangée de maisons plus loin il y avait un champ et
à gauche aussi. A la place du champ, on a aujourd’hui la salle des sports Henri Boerio, la rue de Todmorden avec ses maisons et des espaces verts.
La rangée de maison des tisserands a probablement été comme beaucoup d’autres à Roncq construite vers la moitié du XIXe siècle. C’est une des plus longues
de notre commune. La face avec les petites fenêtres pour l’atelier (ouvroir) et les chambres d’enfants, au dessus, est orientée Nord Ouest pour ne pas
laisser entrer la lumière du soleil qui aurait pu nuire au teint de la pièce de tissu en cours de fabrication. Les petites fenêtres de l’ouvroir étaient à
quelques dizaines de centimètre du sol et on pouvait en levant le bras toucher le bas de celle de la chambre d’enfants.
Au début du XXe siècle un brave tisserand à l’otil, fabricant de meubles à ses heures, avait une de ses 3 filles qui était entrée au couvent à Dixmude. Une
autre voulait y aller aussi. Le père refusait et la surveillait de près. Un matin il se rendit compte qu’elle avait quitté la maison pendant la nuit en
emportant son coffre avec ses affaires et vêtements, aidée en cela par son amie Julie Detroostère que les anciens roncquois ont bien connue. "La disparue"
était allée au couvent des Bénédictines à Menin où elle passa toute sa vie sous le nom de soeur Anna. Cet épisode laisse à penser toutes les situations
cocasses ou pénibles, possibles.
En 1935 beaucoup de maisons avaient été transformées par leur propriétaire. A l’origine il fallait entrer dans les maisons par l’arrière de la rue. Une
porte et une grande fenêtre permirent de réaliser une pièce, après que la cavité de "l’ouvroir" ait été comblée. C’était devenu une cuisine ou un petit
salon qu’on appelait "place devant". Certaines de ces façades sont encore en place aujourd’hui. Certains habitants ont même agencé un garage pour leur
véhicule mais ceci depuis peu.
A l’origine aucun écoulement d’eau n’était prévu dans la rue. Les eaux de pluie ruisselaient de part et d’autre et les habitants déversaient leurs eaux
usées dans une petite rigole de l’autre côté du chemin pour ceux qui avaient une porte de ce côté (1935). Cette rigole partait du début de la rangée
jusqu’à la rue de la Latte. Elle servait surtout de limite pour les champs et empêchait la circulation des véhicules. Ligne de défense Au bout de la "rangée des Cayennes" vers la rue de la Latte, deux maisons étaient de construction plus récente. C’est que pendant la guerre de 1914-1918
une bombe était tombée à cet endroit, démolissant un estaminet dénommé "A l’Américain". Félix Decottignies relate l’évènement dans son "Journal d’un occupé
roncquois". Un "patriarche" habitait la dernière maison et ses fils et gendres mariés à côté. Ils cultivaient un lopin de terre comme jardin potager et
avaient une petite "pature", là ou est aujourd’hui la rue de la Briqueterie côté rue de la Latte. Le "Patriarche" élevait une vache laitière, qu’il menait
le matin au prè, avant d’aller travailler en usine à Tourcoing. Il la reprenait le soir pour la mettre à son étable. Notre ruminant, laissait maintes
"cartes de visite" sur le chemin ce qui ne faisait pas le bonheur de ceux qui marchaient dedans.
Après la rangée, un champ cultivé par la famille Destombes rue de la Latte, fermiers. En 1918 à cet endroit l’armée allemande avait établi sa 3e ligne de
défense en cas de repli. Nos parents racontaient qu’il y avait une quantité de barbelés et des petites cabanes. Cette ligne de barbelés figure sur les
cartes de la Royal Air Force du 6 septembre 1918. Elle n’a pas servi. Pendant la guerre de 1939 - 45, au long du chemin depuis la grande rangée jusque la
rue de la Latte, le bord des champs fut aménagé en jardin populaire par la section qu’avaient crée l’Abbé Ghillebaert et ses amis. Les jardiniers
s’empressèrent de mette des pieux et fils de fer pour empêcher qu’on roule sur leurs cultures. La dernière récolte sur ce champ fut du maïs. Quelques épis
sont dans la chapelle Notre Dame des Champs. Le lotissement des "Quatre mésanges" a pris la place du terrain où nous avons vu cultiver, blé, avoine, pommes
de terre, colza, lin, trèfle, etc..
Tout un passé que nous revivons avec émotion mais qu’il faut transmettre à nos descendants.
Julien et Jacqueline
La rue Maurice Thorez est la rue du collège Paul Eluard
Julien et Jacqueline .
Jacqueline et Julien |
Jacqueline et Julien avec l'aimable autorisation de Nord
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