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RUE DE LILLE - Café de la Poste "Christadi"
Nous évoquions dans notre étape précédente le n°314, qui était au départ une boulangerie.
Dans les années 30, le commerce changea du tout au tout. Un jeune homme, Joseph Deltour, y installa une bourellerie. Il avait été l'élève d'un maître bourrelier roncquois, Louis Vanhasbrouck, qui exerçait son métier presque en face au 399 dans une petite maison qui était à l'emplacement de l'entrée du garage Tradowsky. En plus de son artisanat, Louis, qui avait une très belle voix, était chantre à St-Piat. Il chantait encore en 1945.
Joseph Deltour s'installa donc dans l'ancienne boulangerie. Au début, il avait bien du travail mais l'essor du tracteur mit le cheval au rancart. Le travail de bourrelier n'était plus rentable, peu de cultivateurs avaient encore un ou deux chevaux, mais Joseph réparait encore les harnais et dépannait les fermiers.
Son épouse ouvrit un commerce de maroquinerie, sacs de dame, ceintures, gants, foulards, etc, avec un dépôt de blanchisserie et cordonnerie. Joseph dut aller travailler en usine comme corroyeur nous a-t-on dit, tout en continuant de dépanner les cultivateurs qui le demandaient.
Après la rue Henri-Barbusse (ex-rue du Tamis), toutes les maisons étaient déjà sur le plan de 1830 mais nous ignorons qui les habitants et s'il y avait des artisans ou commerçants. Au 320, Albert Castel s'y installa comme peintre en 1913 jusqu'en 1953. Il s'occupait aussi des Pompes Funèbres. C'est son épouse qui allait ensevelir les morts. Il fut remplacé par Bernard Delafosse jusqu'en 1968, peintre lui aussi. Puis s'y installèrent : une fromagerie, une poissonnerie, une boucherie puis une teinturerie qui termina tragiquement car la tenancière qui habitait Tourcoing mourut asphyxiée par l'oxyde de carbone.
Au 322, vers 1900, il y avait un estaminet à l'enseigne « Au café de la Poste » mais surnommé « le Christadi ». Il était tenu par Bruno Staelens et son épouse Elodie. Celle-ci ne supportait pas que les clients jurent le nom de Dieu. Quand au cours d'une discussion ou une partie de cartes, l'un de ces messieurs laissait échapper un juron, elle le sermonnait en disant : « Le Christ a dit de ne pas jurer ». Le surnom est resté. D'ailleurs, dans beaucoup de cabarets de cette époque, il y avait un tableau portant l'inscription parfois en français et flamand : « ici, on jure pas. Dieu nous voit », surmontée de l'œil de Dieu rayonnant. « Le Christadi » était aussi appelé « l'cabaret des 14 fesses », il y avait 6 filles plus la mère, donc le compte est bon.
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Jacqueline et Julien avec l'aimable autorisation de Nord
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