Cliquer pour arrêter la musique
Retour à la page d'accueil

RUE DE LILLE

A travers l'histoire
La rue de Lille est un tronçon de la route qui va de Lille à Gand. Depuis le rond-point du Cheval Blanc, jusqu'à la Becque de la Viscourt,frontière entre Roncq et Halluin, elle traverse notre commune du Sud au Nord sur une longueur de 5,200 kilomètres environ. Au fil du temps, elle s'est appelée : « Pavé de Lille à Menin, route Royale, Impériale ou Nationale ». Selon les régimes en place. La rue de Lille serait plus récente que la rue du Dronckaert sur son tronçon Croix-Blanche Halluin écrit M. le professeur Pierre Leman,
directeur des Antiquités du Nord - Pas-de-Calais dans son article paru en 1988 dans le livret édité par la direction des Affaires culturelles de Marcq-en-Baroul : « La route de Menin ». D'après des plans anciens, note-t-il, la rue de Lille coupe les parcelles de terrain, tandis que dans la rue du Dronckaert les parcelles sont perpendiculaires au chemin. Ce qui prouve son ancienneté. »


Malgré cela, la route serait plus que millénaire et pavée dès le Moyen Age, rien d'étonnant qu'elle fut autant fréquentée au cours de siècles, aussi bien par des princes que par des roturiers. Les commerçants de Gand et de Bruges l'empruntaient pour venir à la Foire de Lille vendre leurs draps vers 1100.
Les pèlerins qui partaient pour Compostelle venant des Pays-Bas et des Flandres l'empruntaient également pour se diriger ensuite vers Paris. Le trajet par voie d'eau sur la Lys et la Deûle était plus agréable mais plus long. Dans son histoire d'Halluin, l'abbé Coulon raconte que Thomas Becket plus connu sous le vocable de Saint-Thomas de Cantorbery (archevêque de cette ville) passa par la rue de Lille. Fuyant la persécution d'Henri II, roi d'Angleterre, il se réfugia en France et habita un moment à Lille. C'est en 1170 qu'il vint à Halluin, baptiser le fils de son ami Raynaud de Lampernesse. Cet enfant fut appelé Thomas, il vivait encore en 1224.


Devant la menace d'être excommunié, le Roi d'Angleterre fit revenir Thomas  à Canborbery, où il fut assassiné le 29 décembre 1170. En 1395, le duc de Bourgogne, Philippe le Hardi, venant prendre possession du comté des Flandres, au nom de sa femme Marguerite, ordonne aux échevins des villages traversés par la route Royale, de la faire réparer chaque année :  « Car dit-il, le grand chemin n'a été refait, il est fort empirez et enfondrez, bientot l'on ne porra aucunement aler à charroi et à paines, à cheval en yoer et l'on ne pourra mener les denrées et marchandises de l'une  des villes à l'autre » (français de l'époque). Malheureusement, cette belle route servit aussi à de nombreux passages de troupes, qui s'accompagnent presque toujours de pillages, rançons, incendies, etc.
Il y eut l'armée de Philippe Auguste, les Français de Louis X le Hutin qui envahirent le comté en 1315, les Gueux dit Hurlus en 1582 venant de Menin et dévastant toute la région, Louis XIV et ses troupes lors de la guerre de Succession d'Espagne, le Prince d'Orange venant assiéger Lille, les Français s'opposant aux Autrichiens en 1793, la Grande armée de Napoléon en 1803, les Cosaques en 1814, Louis XVIII fuyant Paris en 1815 avec ses Mousquetaires. Et plus près de nous l'armée de Guillaume II en 1914 et la
Wehrmacht en 1940.


Heureusement, ce n'était pas toujours de tristes cortèges qui empruntèrent la rue de Lille. A la mort de son père Philippe II d'Espagne, l'infante Isabelle hérita du comté de Flandre. Accompagnée de son mari Albert d'Autriche, elle entreprit de faire le tour de ses états. Venant de Courtray, les archiducs arrivèrent à Halluin le 5 février vers midi, dans
un beau carrosse attelé de six chevaux blancs. Tous les seigneurs et gentilhommes des environs étaient convoqués à Halluin pour les recevoir.
Les archiducs partirent ensuite vers Lille, en passant par Roncq. Tout au long de la route, les paysans acclamaient les souverains et tiraient des coups d'arquebuses. Vingt-cinq ans plus tard en 1625, Isabelle repassa plusieurs fois rue de   Lille pour aller aux Pays-Bas dont elle était devenue gouvernante générale après la mort de son mari.
Quand, après la guerre du succession d'Espagne, Louis XIV eut récupéré les Flandres et les Pays-Bas, il résolut de faire lui aussi un grand périple   dans ses nouveaux états.
Il partit de Saint-Germain-en-Laye le 28 avril 1670 avec toute sa cour. Le Roi se rendit à Tournai, à Audenaerde et de là à Courtrai où il arrivera le 21 mai. Le lendemain, il se dirigea vers Menin, et arriva vers 10 h à Halluin pour « disner » vers midi. Il repartit ensuite vers Lille en passant par Roncq.
Toute la chaussée de Menin à Lille, c'est-à-dire quatre lieues (16 km) était bordée d'une foule de paysans que les baillis avaient convoqués pour crier « Vive le Roy » tout le long de la route jusqu'à Lille où le souverain arriva vers 6 h du soir.
Louis XIV était accompagné de la Reine, de Monseigneur le Dauphin, de Madame, etc., et aussi Mlle de Montpensier et du ministre Louvois. Le cortège du Roi et sa suite comportaient au moins 300 carrosses et 3.200 chevaux.
Sans le faste du roi Soleil, le « Journal de Roubaix » du 8 août 1928 relate en ces termes le passage du prince Edouard, héritier du trône d'Angleterre.
 « Durant toute la matinée d'hier, de nombreuses autos transportant vers Ypres de nombreux légionnaires britanniques, ont traversé la commune. Vers 9 h, on signale le passage du général Weygand qu'accompagnent le général Goura et le gouverneur de Paris, ainsi que le maréchal Pétain. Le convoi du Prince arriva vers 10 h. Il se composait de six voitures, son Altesse occupait la deuxième.


Bon nombre de curieux stationnaient sur les trottoirs de la rue de Lille. En certains endroits, des gendarmes étaient postés. Sans bruit, mais reconnus par des Roncquois, c'est Hitler et Goering qui passèrent par notre rue deLille vers 1940. Quelques jours après, l'occupation allemande de Roncq le 28 mai 1940, des habitants  de la «nouvelle rangée » à la Déviation (rue de Lille) se trouvaient devant leur maison. Entre autres Charles Flament et Raoul Coisne. Venant de la direction de Lille, ils virent arriver des matos aux conducteurs armés précédant des véhicules découverts avec passagers, d'autres avec des mitrailleuses.
 « Regardez, dit Raoul, désignant une voiture, c'est Goering. » Et Charles reconnut Hitler assis près du chauffeur dans une voiture avec des passagers à l'arrière. On sait aujourd'hui qu'Hitler vint visiter les 1 et 26 juin 1940, était-ce un pèlerinage ? Les endroits où il avait séjourné en 1914-1918. En Belgique à Kruiseeche alors hameau de Comines où il connut le baptême du feu en 1914, Messines, Wijtsmchaete, il fut blessé dans cette dernière, et en France à la Montagne de Wervicq où il fut gazé dans la nuit du 13 au 14 octobre 1918 par des obus à gaz, tirés par les Anglais. Il resta aveugle cinq jours et en parle dans son livre «Mein Kampf ». Il passe la nuit du 1er au 2 juin 1940 à Annapes (F). M. Henri Bourgeois, président de la Société d'histoire de Comines - Warneton, a fait une étude très détaillée de ces journées. En mai 1940, c'est une immense foule d'inconnus que la rue de Lille vit passer. Réfugiés quittant la Belgique envahie, à pied, en vélo, en voiture, ils se bousculaient sur la route
.


Un peu plus tard, en juin, ce sont les prisonniers français et anglais, en colonnes par quatre se dirigeant vers l'Allemagne à pied. Ils avaient pour la plupart étaient faits prisonniers dans la poche de Dunkerque autour deLille ou dans les Flandres. On en vit passer dans les deux sens. Dès qu'une de ces colonnes était annoncée, des Roncquoise partaient en vélo en direction de Lille, afin de voir si l'un des leurs était parmi les prisonniers, afin de leur glisser quelques douceurs et pour quelques uns d'entre eux, de quoi soigner  leurs pieds douloureux après de longues marches.


Julien Olieux est quelque part sur la photo

Mais, n'oublions pas de rappeler pour ceux qui ont connu cette période, la triomphale arrivée à Roncq en septembre 1944 de l'armée des Alliés ; Anglais, Canadiens, Américains venus nous libérer, accueillis à bras ouverts, on leur jetait des fleurs, les jeunes filles s'asseyaient sur les chenillettes et le capot des voitures à l'arrêt, on les embrassait et on leur offrait à boire. Ceux qui vécurent ces instants ne peuvent l'oublier.



Revenons un peu en arrière. Au temps des diligences, il en partait une de Lille tous les jours pour Gand et Bruxelles passant par La Madeleine, Marcq-en-Baroul, Bondues, Roncq, Halluin, Menin, Courtray, Gand, puis Bruxelles. Là il y avait une correspondance pour Liège et l'Allemagne. Le départ était en été à 6 h et 6 h 1/2 l'hiver. Ces diligences s'arrêtaient à diverses auberges dont « La tête d'or » à Roncq, afin de déposer ou prendre des voyageurs ainsi que des marchandises et changer de chevaux (l'abreuvoir
y était encore visible il y a quelques années).

Autrefois, bien avant la Révolution, toutes les routes royales, impériales, nationales ou départementales étaient plantées d'arbres des deux côtés. C'était « le bois des pauvres ». Ceux-ci avaient le droit de ramasser les petites branches tombées et quand on élaguait, les grosses branches leur étaient distribuées par le bureau de Bienfaisance. Au début d'avril 1918, presque tous les arbres bordant les routes roncquoises furent brisés ou déracinés par plusieurs ouragans. Tous ces arbres furent débités et vendus au plus offrant. Le produit des ventes fut affecté au remplacement des arbres manquants. L'histoire ne dit pas avec quoi se chauffèrent les pauvres en attendant que les arbres repoussent.
Trois courses cyclistes auraient emprunté la rue de Lille : l'une le 17 avril 1910, Paris - Menin ; la seconde, le Tour de France en 1946 ou 47, ce jour-là les ouvriers et ouvrières de chez Motte (Actival) eurent la permission de quitter leur travail 1/2 heure pour regarder passer la course? Quand à la troisième, c'est beaucoup moins précis. Ce serait le circuit des trois villes rouges (départ d'Halluin) dont la date est toutefois inconnue. L'un ou l'autre de nos lecteurs et lectrices aurait-il entendu parler des trois courses ou peut-être y assisté, nous serions heureux si l'on voulait bien nous contacter. Références :
- Livret « La route de Menin » édité en 1988 par la direction des Affaires
culturelles de Marcq-en-Baroul.
- Histoire de Roncq de l'abbé Coulon.
- Histoire d'Haluin de l'abbé Coulon.
- Archives du « Journal de Roubaix ».
- Souvenirs personnels de Roncquois.
Dans le prochain épisode, rendez-vous au rond-point du Cheval-Blanc pour une promenade de 5,200 kilomètres.

Nous voici donc au rond-point du Cheval Blanc C'est là que se  situe la résidence du même nom dont nous avons déjà parlé ultérieurement. Avançons un peu. C'est à notre gauche que se trouve le point culminant de Roncq (54 mètres, carte ING), au lieu-dit « La Pendue » ou « Les Pendues » selon les cartes. Nos ancêtres y avaient établi deux moulins, l'un à blé, l'autre à huile. C'est peut-être ce dernier qui était appelé sur une carte d'état-major : « moulin désolé », mauvaise interprétation de « moulin des olieux » (moulin des huiliers). L'un des deux existait déjà en 1610, on peut le voir sur la planche 62 représentant Bondues-La Croix Blanche, d'un des albums de Croy, dessiné en 1610 par Adrien de Montigny sur l'ordre du Duc de Croy, seigneur de Roncq et environs. Plus proche de nous, c'est sur cette même hauteur qu'en 1939, la   213 batterie de D.C.A. du 410R.A. édifiera une plate forme surélevée afin de surveiller les environs jusqu'au Mont Kemel. Quatre canons de Défense Contre Avion étaient déjà installés dans le pré entre la
plate forme et la rue de Lille.


De l'autre côté de la route, toujours en 1939, au lieu-dit « Le Boulois », il y avait quelques petites maisons L'une d'elle était un café « Au Chanteclair » tenu par M. et Mme Courtois, où les soldats pouvaient se divertir en dansant au son d'un orchestre formé par les enfants de la maison. On y servait du poulet-frites, car les tenanciers faisaient l'élevage de ces volailles. 


Les soldats n'avaient pas loin à aller, un sentier longeant la batterie aboutissant en face cu café. Les soldats anglais du château d'Hespel à Bondues y venaient aussi.
Le lieu-dit « La Pendue » était connu sous le nom de « quartier à puches ». Puche est un mot patois désignant soit un puits soit une puce. Il est à supposer que le quartier ne comptait pas plus de puits qu'ailleurs dans la commune qui en possédait plus de 600, il faudrait plutôt penser aux puces, car au nº9 habitait un marchand de chiffons, résidence idéale pour ces bestioles.

Toujours à gauche, au nº21, se trouvait la ferme Destombes , dite « cense du moulin à huile » ou « ferme de la Rousselle ». De quand date cette ferme&fine;? Il est impossible de le dire. Bien que sur l'imposte la date de 1799 était gravée, la cense est plus ancienne. En effet, dans leur plaquette « Ceux de la Rousselle » Narcisse et André Destombes ayant fait des recherches sur la famille nous disent que la ferme de la Rousselle s'appelait déjà « cense Destombes » bien avait 1789 et était occupée par cette famille depuis plusieurs générations. On retrouve Hippolyte, Marie-Antoinette, Toussaint, Louis installés dans la ferme avant 1754. Un de leur descendants Jean-Baptiste, qui fut maire de Roncq de 1800 à 1803, y vit le jour en 1760. Il exerçait le métier de cultivateur et marchand huilier. En 1802 il obtient du premier Consul l'autorisation de rétablir le culte catholique à Roncq. La ferme comportait un étage qui a été démoli pour raison de vétusté. En même temps disparaissait un souvenir.


C'est en effet dans la grande salle qui s'y trouvait, qu'un prêtre réfractaire, l'abbé Brédart, déguisé en marchand de bestiaux, célébrait la messe de cachette au péril de sa vie et de celle des fermiers pendant la Révolution. Un jour, sur le point d'être surpris, il s'habilla en hâte, sauta par la fenêtre et s'enfuit en direction de Linselles. Quand le moulin fut démoli, les ailes furent utilisées comme plafond pour la bergerie. Sur l'imposte en plus de la date 1799, on pouvait voir un petit moulin sculpté, en bois. Jean-Baptiste avait épousé Aimable Catteau le 14 octobre 1783 dont les parents exploitaient le manoir de Créquillon appartenant au comte des Wazières, dernier seigneur de Roncq. Jean-Baptiste décède à Roncq en 1818. Son fils Jean-Baptiste lui succède. Il épousa Catherine Vandebeulque en 1823, et n'auront qu'une fille Florine qui convola plus tard avec un autre Jean-Baptiste Destombes son cousin. C'est ce ménage qui exploitera « La Rousselle ». C'est toujours un Jean-Baptiste qui sera propriétaire en 1860 avec son épouse Sidonie Soenen. Leurs fils Jules né en 1908 est le dernier exploitant avec son épouse Léontine Vanbelleghem. Ils eurent un fils Guy né en 1940.


Beaucoup d'anciens Roncquois ont connu Jules. Quand son épouse décéda en 1983, il continua seul à exploiter sa ferme. Le 2 mars 1988, le feu prit dans les combles. Jules ne voulait pas quitter sa ferme. Il dut pourtant le faire en février 1992, devant entrer à l'hôpital de Tourcoing, où il décéda 15 jours plus tard. La ferme Destombes fut réhabilitée par une association culturelle propriétaire des lieux à cette époque. En face de la ferme, a peu près à l'emplacement de la clinique Saint-Roch, le Sieur Louis Capelle, fabricant de toile, demande l'autorisation d'établir à cet endroit une briqueterie temporaire sur son terrain en 1854. De même, mais l'endroit exact n'est pas précisé, le Sieur Charles Louis
Bostyn voudrait établir une fabrique de chicorée à la Rousselle en 1859. Durant ses campagnes, le duc de Marlborough séjourna à la ferme de la Rousselle, lors du siège de Lille, en 1708.


En 1814, à la fin de l'Empire, les Cosaques installèrent leurs campements dans les environs. A droite de la clinique Saint-Roch qui vient récemment de fermer la section maternité fut, bâtie en 1981 en remplacement de la clinique et maternité de Linselles. Plus tard une aile fut ajoutée pour accueillir les convalescents. A gauche, au 41, se trouvait un café : « Au Violon d'Or » tenu par Henri Wattrelos plus connu sous le nom de Terlos. Il faisait partie de l'harmonie du Blanc Four et aimait animer son quartier. Au mois d'août 1931, il voulut organiser un spectacle qui attirerait du monde : faire envoler un ballon. Le grand jour arrivé, il y avait foule dans la pâture où l'engin était arrimé. Henri monte dans la nacelle avec sa fille. Il tient à la main deux sacs : l'un contient son meilleur pigeon qu'il veut lâcher très loin du Blanc-Four, et dans l'autre sac il a placé une bonne bouteille de Genièvre qu'il espère boire là-haut. L'harmonie entonne la Marseillaise tandis que le pilote lâche du lest. Pas suffisamment car le ballon part à l'horizontale et fonce sur les musiciens  qui n'ont que le temps de se mettre à l'abri. On allège encore le ballon qui, cette fois, s'élève tandis qu'Henri salue la foule avec son képi. Mais est-ce la peur&fine;? L'émotion du départ? ou les prunes du jardin mangées le matin&fine;? Arrivé au-dessus de La Madeleine, Terlos fut pris d'un besoin urgent et le ballon dut atterrir en catastrophe. Henri et
sa fille sont rentrés en train. Prévenue, on ne sait pas comment, l'harmonie alla les attendre à la gare du Pied de Bouf pour leur donner une aubade (d'après un article paru dans Nord Eclair en 1979).


Toujours du même côté, se trouve le cimetière du Blanc Four qui date de 1873. C'est là qu'est inhumé Alphonse Loul, ancien maire de Roncq. Près de la porte, rue du Bois Blanc, on peut voir les tombes de trois militaires anglais tués en mai 1940 rue Pasteur. En face de l'entrée du cimetière, rue de Lille, il y avait un marchand de vélos , Désiré Cospain. C'était aussi un café, siège « Des Joyeux Pédaleurs ». On arrive ensuite au complexe sportif Joël Bats, bâti à l'emplacement de la ferme Grimonpont.


Continuons à descendre vers l'église, au 114 se trouve l'école Saint-Roch (mixte maintenant, c'était autrefois l'école des filles, celle des garçons se trouvait de l'autre côté). Tout de suite après, le contour de l'église avec, au bout à droite, le presbytère . C'est là que le 15 septembre 1911 il faillit y avoir un drame. Le « Journal de Roubaix » raconte les faits en ces termes dans la parution du lendemain :
« Tentative d'assassinat sur la personne de Matthieu Boulanger, curé à Saint-Roch au Blanc Four. Les malfaiteurs sont entrés par effraction. Ils ont d'abord attaqué la bonne, Flore Bochard, qui dormait en bas, avec une matraque et deux revolvers, et l'ont emmenée dans le bureau du curé. Ils ont fait sauter le secrétaire et réclamé les clés du coffre fort. N'ayant rien trouvé, ils ont forcé la bonne à appeler M. le Curé qui était à l'étage. »
Comme ils menaçaient le curé, celui-ci les mit en confiance en leur disant qu'il allait leur donner l'argent qu'il avait. Alors, d'un mouvement brusque, M. Boulanger relève le premier revolver de la main droite et abaisse l'autre d'un coup de poing. Les deux coups partent en même temps d'un l'atteint, au bras, l'autre à la tête. Les agresseurs prennent la
fuite. « Les voisins accourent, ayant entendu les coups de feu. Ils appellent le docteur et la police. La bonne a tellement été effrayée qu'elle a une crise cardiaque. »


Nous l'allons pas reprendre ici l'histoire de l'église du Blanc Four, elle parue dans l'édition de Nord Eclair du 20 février 2000. C'est au nº 101 que Honoré Cosyn fonda une saboterie . Il était né le 1er février 1865 à Lovendeghen près de Gand en Belgique, comme beaucoup de nos ancêtres, et son épouse Rosalie Verhulst à Halluin, le 10 décembre 1867. Ce n'était pas une mauvaise idée de fabriquer des sabots, car beaucoup de Roncquois en portaient pour aller au jardin, à l'école, au travail. L'hiver on y mettait de la paille pour avoir plus chaud. Pour les gros travaux ils étaient simplement en bois brut, mais les femmes coquettes aimaient avoir pour le dimanche de beaux sabots décorés et vernis.
Honoré et Rosalie eurent 10 enfants. 6 garçons et 4 filles qui ont tous de près ou de loin participé au succès de l'entreprise. Avec l'arrivée des chaussures en cuir et en synthétique, le port des sabots a disparu. La grande entreprise, toujours au Blanc Four, au même endroit! a diversifié ses activités autour du bois.


Le nº 12 a vu souvent ses activités changer. Ce fut d'abord un tissage puis, vers 1900, une minoterie exploitée par Mme veuve Aloïs Ghesquière ; vint ensuite M. Titecat, marchand de charbon et pommes de terre et enfin M. Caboor, même profession. Dans un petit journal « Le Dimanche de Roubaix-Tourcoing », daté du 7 août 1932, à la page 8, on peut lire une enquête sur une biscuiterie roncquoise  située au 113, rue de Lille (173 actuel). C'est, vous l'avez deviné, la Biscuiterie Loridan. Dans cet article, l'auteur vente la qualité des produits et parle des 60 variétés de biscuits fabriqués ; des secs, des fourrés, des cakes, des gaufres et surtout des madeleines. Les frères A. et P. Loridan étaient déjà là en 1919. La biscuiterie occupait alors 100 mètres carrés. En 1932, il y en a 700. Là aussi les activités se sont diversifiées et les fameuses madeleines roncquoises sont fabriquées à Caen
aujourd'hui.

Heureusement, il reste le cortège traditionnel. Quelques mètres plus loin, à l'emplacement de la supérette, il y avait une fabrique de moutarde et vinaigre . On ignore le nom du fabricant ainsi que l'époque où elle a fonctionné. Les documents anciens sont quelquefois très imprécis.


Après quelques maisons et la maréchalerie Capelle  nous voici arrivés au « Café Couronnée » (prénom féminin au début du 20ème siècle). En 1922, la façade fut défoncée par le tramway qui avait son terminus rue de Tourcoing et qui, rompant ses freins, traversa la rue de Lille et alla s'encastrer dans l'estaminet (nous en reparlerons plus longuement quand nous arriverons à la rue de Tourcoing).
Toujours à gauche, il y avait une boulangerie aujourd'hui démolie pour plus de visibilité au carrefour. C'est là que, le 12 avril 1905, éclata un violent incendie à 2 h du matin, que le « Journal de Roubaix » relate en ces termes : « Incendie à la boulangerie Vandeputte au Blanc Four, dans les bâtiments affectés à la boulangerie, écurie, remise en hangar. La toiture s'est effondrée, tout est détruit.» Un cheval qui n'avait pû s'enfuir fut carbonisé dans son écurie.» Les pompiers de Roncq ont mis deux heures pour éteindre l'incendie.
» Le cheval était déjà tombé, asphyxié par l'épaisse fumée. » Les dégâts se montent à 5.000 F pour les bâtiments, 1.000 F pour le cheval, 1.000 F pour les ustensiles de boulangerie, 500 F pour le pétrin mécanique, 700 F pour le fourrage et la farine, 300 F d'objets divers, soit 8.500 F.
» On suppose que le feu a pris à l'écurie qui est contiguë au four en briques de la boulangerie. Une étincelle sera passée par une fissure du mur et communiqué le feu à la paille. »
Au carrefour des rues de Lille et de Tourcoing eut lieu la phase finale de la bataille de Tourcoing en 1794. (Voir Nord Eclair du 2 mars 1997, hameau du Blanc Four I).
A droite, juste à l'emplacement de « Auto décor » <..>(21)<¥>, existait un charron. Sur son trottoir, stationnaient des chariots de fermes de tous calibres. Appuyées contre le mur, de grandes roues de bois qui attendaient d'être réparées. Jules Devos était aussi maréchal ferrant. Il avait deux ouvriers, qui n'avaient pas jugé bon de faire grève en 1921. Revenant en cortège de l'usine des eaux rue Pasteur, les grévistes, voyant que l'on travaillait chez Jules, défoncèrent la porte et firent sortir les ouvriers.

La maison de Jules Devos était très vieille, elle était déjà sur le plan de 1830. Elle fut démolie en 1962 pour être remplacée par une maison neuve et un garage (le 194 actuel).

On nous a raconté qu'entre le Blanc Four et la Déviation, dans une maison en démolition on avait retrouvé une statue de Christ en bois de hauteur d'homme derrière un mur de la cave. Il est fort probable que ce soit là, car il n'y avait pas de maison aussi vieille dans le coin.

Cette statue daterait paraît-il de la Révolution. Elle était bien humide et abîmée. Qu'est-elle devenue&fine;? Si quelqu'un pouvait éclairer notre lanterne, il serait le bienvenu.

Juste à côté fut fondé par Marcel Cozette en 1908, une poterie tuilerie et fabrique de tuyaux en terre vernissée, reprise par Scalabre en 1920.

Après la ferme Catteau , toujours du même côté, à une centaine de mètres plus loin on voit une prairie un peu plus haute que la route et en pente. Sous cette herbe verte, il y a trois casemate allemandes «blockhaus » de la guerre 1914-1918 <..>(24)<¥>. Comme ces constructions sont très difficiles à détruire, on a trouvé plus judicieux de les recouvrir de terre et d'y semer de l'herbe afin de refaire une pâture. Les habitants de la rangée de la Déviation les dégagèrent en 1939 pour servir d'abri éventuellement. Les vieux Roncquois se souviennent qu'il y avait aussi à cet emplacement une vieille maison disparue après 1945 qui était citée sur le cadastre comme bâtiment rural en 1830 et ferme en
1912. Près de là aboutissait un sentier venant de la rue du Moulin, près de l'estaminet « Au Tonkin ». N'oublions pas que Roncq n'est pas un « plat pays » mais fait d'élévations et dénivellations très accentuées par endroit. Nos rues le prouvent. Nous sommes donc au lieu-dit « La Déviation »  qui doit son nom au fait qu'en 1924, lors de l'installation de la ligne de tramway R, celle-ci fut déviée dans les champs. Elle passait le long du « Bois Leurent » enjambant ensuite les rails du chemin de fer par une passerelle, pour rejoindre la rue de Lille par la rue du 8-Mai-1945 (rue du Gaz). Car la société de chemin de fer ne voulait pas que les rails du tramway croisent ceux du train. Le lieu-dit « La Déviation » ne s'est pas toujours appelé ainsi. Sur une carte de 1769 l'ingénieur géographe du Roi, R. Villaret dénomme cet endroit « Le pont à plume » (au singulier). 
Une carte d'état-major de la fin du 18ème siècle donne la même appellation, mais au pluriel. Qu'était-ce ce pont à Plumes;?

Plus proche de nous, vers 1910, l'endroit est appelé « Le Boulevard » car la chaussée avait été refaite en pavés plats au lieu de gros grés ronds. Un café changea de nom et devint « Le Boulevard » Le 27 mars 1906, le Journal de Roubaix raconte : « Henri Dekeyser, 27 ans, berger chez Vanluchène faisait paître ses moutons au lieu-dit « Le Boulevard » le long de la route nationale 17, quand une automobile roulant à vive allure, a accroché le chien du berger et l'a tué sur le coup, a poursuivi la route sans s'arrêter.

» Le chauffeur était revêtu d'un manteau de peau à long poils noirs, coiffé d'une casquette nouée à visière luisante. »

Imaginez à notre époque un troupeau de moutons en train de paître le long de la rue de Lille&fine;!

Quelques années plus tard, en janvier 1909, un jeune homme de 22 ans, jabitant rue de Tourcoing, revenait chez lui vers onze heures du soir, après s'être un peu amusé dans un café au centre. Arrivé au lieu-dit « Le Boulevard » il entendit des plaintes et s'étant approché, il trouva un homme couché par terre qui lui dit avoir été écrasé par une voiture à deux roues qui était partie vers le Blanc Four, l'homme avait 59 ans habitant Tourcoing. Comme il était blessé le jeune homme courut chercher le docteur Galissot, tandis que des voisins installait le blessé dans la salle de l'estaminet « Le Boulevard ».

Le docteur constata qu'il avait la cuisse cassée et le fit admettre à l'hôpital.

Mais, après enquête, il s'avéra que le blessé était un ivrogne qui avait été vu en état d'ébriété dans la soirée, et tout porte à croire qu'il n'a pas été écrasé car ses vêtements ne portent pas de traces de roues. Son pantalon déchiré aux genoux prouve qu'il est tombé plusieurs fois, et c'est probablement dans sa dernière chute qu'il s'est cassé la cuisse. C'est aussi l'avis du docteur Galissot.

A droite de la route, il y avait la ferme Castelle qui portait la date de 1876 sur le pignon. A cet emplacement s'élèvera bientôt un parc de loisirs.

Du même côté une centaine de mètres plus loin, à l'emplacement actuel de Chocmond, se trouvait l'usine Leurent , filature de lin.

L'histoire a commencé quand André Leurent, venant de Dunkerque où il était né en 1774, s'installa à Roncq comme médecin avec son épouse Sophie Suin de Tourcoing. Ils eurent 10 enfants Eugénie, Jules, Laurence, Louise, Henri, Joséphine, Hermance, Victor (décédé à 1 an), Victor (décédé à 10 ans), Désiré qui a épousé Pauline Lefort, dont il eut 6 enfants.

André était un homme paisible et bon, qui ne faisant pas fortune car beaucoup de Roncquois avaient recours aux rebouteux.

Afin de pouvoir élever ses enfants et leur payer des études, son épouse Sophie eut l'idée de créer un commerce de tissus au 411, rue de Lille (Macif). Quelques années plus tard leur fils Henri trouva qu'il serait plus  rentable de fabriquer du tissu plutôt que simplement le vendre. Il détourna de sa carrière de médecin son frère Jules. Le jeune Désiré les rejoindra plus tard.

Ils rachètent alors un tissage à Tourcoing, mais les affaires ne marchent pas et c'est le désastre.

Pour redresser la situation, maman Sophie n'hésite pas. Elle engage sa fortune personnelle, les biens de son mari décédé et la dot de ses filles qui restèrent célibataires. Son but était de créer à Roncq, une filature de lin, ce dernier étant beaucoup cultivé à Roncq et environs et même roui sur place aux lieu-dit « Riche Vinage » ou sur pré, ou champ.

Le 1er août 1879 une société fut fondée sous la raison sociale de Leurent Frères (Henri étant décédé) achètent à Roncq un terrain dont une parcelle appartient à Jean-Charles Desrumaux et le reste à Jean-Baptiste Quecq de Lille. Le tout près de la gare. La première partie de l'usine fut bâtie à 50 mètres en retrait de la route, elle comprenait trois étages. On voulait que cette façade ait fière allure. Tout en haut, une petite niche abritait une statue de saint Joseph. La « Filature de la Vallée » était née.

Afin de faciliter l'entrée du lin dans l'usine, un raccordement de 300 mètres avait été établi avec la voir de chemin de fer toute proche. Des trains entiers, lourdement chargés de lin, arrivaient en gare. Ils y laissaient les wagons destinés à l'usine. C'est un par un que ces derniers étaient acheminés dans l'entreprise, tirés par des chevaux ou poussés par des ouvriers et en dernier lieu tractés par un engin motorisé. Une bascule permettait d'en contrôler le poids.

En 1884 on y ajouta, écurie, remise, un tissage de lin, puis de 1887 à 1909 d'autres agrandissements. Tant et sin bien qu'en 1914, l'usine occupera 18.000 mètres carrés et comprendra, outre la filature, un peignage, un tissage, un magasin, une filature d'étoupe, une salle de préparation, un dévidage, une forge, un bassin de décantation, une plaque tournante et la voie ferrée, un pont à bascule, une génératrice, des bureaux, une cheminée, la maison du concierge, le réfectoire. Les machines, dont Désiré était très fier, venaient d'Irlande, de la compagnie « James Mackie et Sons ».

En 1896 les demoiselles Leurent, Eugénie et Hermane, cédèrent leurs parts à leur frère Désiré, Jules était décédé en 1883.

Désiré avait épousé Pauline Lefort dont il eut 6 enfants. L'aîné Désiré (qui épousera plus tard Berthe Hassebrouck) et Edouard avaient rejoint la société ainsi que Léon Vernier Leurent, gendre de Désiré père. La société devint alors Leurent et Compagnie.

En 1902 Désiré Leurent Lefort laisse la place à ses fils et gendre. Mais celui-ci quitte la société qui s'appelle désormais Leurent Frères.

Désiré père habitait une grande maison au centre de Roncq, qu'il avait fait  bâtir (nous y reviendrons). Quant à Désiré fils, il habitait Tourcoing et prenait chaque matin le train pour venir à l'usine. Pour se rapprocher de son travail, il acheta en 1903 à Henri, Valéry et Malvina Dupont, filateurs de lin à Halluin, une grande maison qu'il fit agrandir en 1920 (notre
mairie actuelle).

Pour faire marcher l'usine, la main d'ouvre ne manquait pas, il y avait bien sûr des Roncquois, Halluinois, Bousbecquois, Linsellois, mais aussi beaucoup de Belges. On en compte 406 en 1927. Vers 1950, les ouvriers et ouvrières venaient plutôt de la région minière. Des autocars complets venant de Seclin, Hénin Liétard (Hénin Beaumont aujourd'hui), Lens, Courcelles, Montigny-en-Gohelle, etc., les amenaient pour les équipes de 5 h à 13 h et de 13 h à 21 h.

La guerre de 1914-1918 stoppe totalement l'activité de l'usine. C'est d'abord l'occupation, puis les réquisitions des métaux, des machines, au grand désespoir du patron. Les salles et locaux servent de cantonnement ou magasins pour l'armée.

Quand la guerre finira il ne restera que des salles vides. Le 14 octobre 1918, quand les Allemands se retirent, ils ne veulent rien laisser derrière eux et dynamitent la salle des machines, comme ailleurs, pour ruiner notre industrie.

Après la guerre, les dégâts furent réparés grâce aux dommages de guerre. Désiré acheta de nouvelles machines en Irlande et l'activité reprit.

En 1939 l'usine n'eut pas tant à souffrir. Elle tourna cependant au ralenti. Beaucoup d'hommes étaient prisonniers ; la matière première, le lin, était encore disponible dans la région et ailleurs en France.

La pleine activité reprit vers 1945 et la filature atteignit son apogée dans les années 1950-60.

Avec l'arrivée sur le marché des matières synthétiques, les affaires déclinèrent et, en 1986, l'usine, qui avait été rachetée entre-temps par le groupe Boussac Saint Frères, ferma ses portes. Une partie du personnel partit travailler à Neuville-en-Ferrain sur la zone industrielle où une entreprise de moindre importance « La Française du Lin » avait été
installée.

Les bâtiments de la « Filature de la Vallée » restaient inoccupés. Quelques années plus tard il fut décidé de les démolir.

Le mardi 14 avril 1992, 28.000 mètres carrés du site étaient réduits en gravats. Il ne restait que le bâtiment en front-à-rue et la cheminée qui se dressait au milieu de la cour.

Le 8 avril, comme si elle disait un dernier adieu, les Roncquois purent la voir cracher des volutes de fumée noire et le 14 avril, à 11 h 45, elle implosait.

Un souvenit cher au cour de vieux Roncquois et Roncquoises, c'est le bassin du « réfrigérant » au milieu de la cour, ou l'été, ils pouvaient faire quelques brases dans une eau tiède, lorsque la filature était en activité.

C'est en décembre 1996 que fut posée sur ce site la première pierre de Chocmod.

De l'autre côté de la rue de Lille où se trouve aujourd'hui Actival , était une autre usine : « Chez Motte », « à m'mou Motte » comme on disait autrefois. Cette manufacture de draperies fut construite par les frères Leurent, filateurs de lin. Ceux-ci possédaient déjà 5 hectares, 11 ares de terres de labours achetées vers 1890. Ils achetèrent en 1907 1 hectare 25 ares de plus à quelques cultivateurs roncquois, Couvreur, Catteau, Destombes, Leconte et à un certain M. de la Chaussée, demeurant à Paris, afin d'y faire construire l'usine.

En 1908 la municipalité voulait élargir le chemin latéral au chemin de fer et proposa alors aux frères Leurent de leur acheter 7 ares 58 dans ce but. Après quelques discussions sur le prix, les frères Leurent cédèrent le terrain pour le franc symbolique.

L'usine avait à peine produit pendant quelques années, que la guerre de 1914 survint. Comme la filature de lin, l'usine fut occupée par les Allemands, les métaux, les métiers furent réquisitionnés. Des bains-douches pour l'armée y fonctionnèrent, chauffés par les chaudières. Le 14 octobre 1918 au matin, les Allemands firent sauter la machine à vapeur et les
générateurs de courant.

ZE 1920, les frères Leurent vendirent la manufacture à la société anonyme Motte-Dewavrin dont le président était M. Alphonse Motte-Dhalluin, elle devint alors la « Manufacture des Draperies de Roncq » dont le P.-D.G. était Pierre Motte. Les frères Leurent cédèrent en même temps les dommages de guerre pour reconstruire l'usine.

L'usine se développa et s'agrandit. Outre le tissage, les magasins les bureaux, la génératrice, l'écurie, la cheminée, etc., on y ajouta une salle de préparation, une de retordage en 1928, et un atelier de piqûrage en 1932. La laine entrait en gros ballot par une porte de la rue Latérale après avoir été piqûré, le tissu partait vers Tourcoing pour y être lavé et
teint. L'usine occupait moins de Belges que la filature de lin. C'était surtout du personnel roncquois. Ce personnel était souvent plus fier. Pour certains ateliers, les femmes allaient travailler en chapeau.

Une partie de la production était destinée à l'armée et les ouvrières du piqûrage voyaient défiler entre leurs mains de grandes pièces de tissu kaki. Une autre partie était destinée à l'Angleterre.

Au milieu de la cour il y avait un grand bassin de décantation qui recevait les eaux du lavage de la laine brute. Par temps de chaleur, ce bassin dégageait une odeur telle, qu'il fallait fermer les fenêtres. L'usine Motte était une des rares entreprises où la laine entrée en toison ressortait en tissu. Il ne manquait que la teinture qui était effectuée chez Motte
Dewavrin rue des Anges à Tourcoing.

Tout comme la filature de lin, l'activité déclina avec l'arrivée sur le marché des fibres synthétiques et, le 12 décembre 1982, Motte Dewavrin déposa son bilan.

Dans les locaux vides s'installerent plusieurs entreprises et le site fut appelé « ACTIVAL ».

Jacqueline et Julien

avec l'aimable autorisation de Nord Eclair
retrouvez les articles "les rues de Roncq"
un dimanche sur deux dans les pages locales
rubrique RONCQ

moyens techniques CRRAI http://www.crrai.com
Site du CRRAI
Centre Régional de Recherches et Applications Informatiques
32 square FOCH 59960 NEUVILLE EN FERRAIN

tél:03.20.94.12.32