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RUE DE LA LATTE

 

rue de la Latte

C'est une rue très ancienne qui fut appelée au fil des siècles: chemin de la Lacque, Delalacque, des Lattes puis pavé des Lattes.

 Mais que signifie au juste ce nom de Lacques, Delalacque puis des Lattes? Lacque est un mot d'origine flamande qui signifie une rigole d'eau dans les champs. C'est la francisation des noms qui assurera une autre appellation: La Latte.

 Le nom du chemin « De la Lacque » figure sur la pierre tombale, dans l'église St-Piat de Roncq, de Pierre-Joseph Danset, son épouse et ses enfants, datée de 1761 à 1825.

 On la voit déjà sur un plan de 1590. Elle commençait alors rue de Lille au niveau de l'étude notariale, passait sur le terrain des garages de M. Leys, traversait la rue du Billemont et continuait par ce qui est aujourd'hui la rue du Docteur Galissot (voir l'historique de cette rue dans le journal N.E. du 27.12.1998).

rue de la Latte

 

La rue de la Latte commence maintenant après la rue des Arts. 

A droite, le parc du château (C.C.A.S.). Dans le parc, à l'endroit des maisons du nº4, Louis-Joseph Desurmont Carton fit bâtir une sucrerie, vers 1800. A sa mort, en 1834, ses 3 fils aînés, Louis, François, Edouard et Jean-Baptiste s'occupèrent de la sucrerie jusqu'en 1851, date à laquelle le textile étant en pleine extension. Ils trouvèrent plus rentable de la faire démolir et bâtir à la place une rangée de maisons de tisserands. Lors de la construction de la Résidence Michelet, une sorte de grande cuve en briques fut mise à jour mais vite rebouchée (à l'endroit de la station d'épuration). 

Comme les 3 frères étaient célibataires, c'est leur neveu Jules Desurmont Dumanoir qui hérita de la propriété. Mais comme elle ne lui plaisait pas, il démolit et rebâtit le château en 1907 ainsi que les maisons de tisserands qu'il remplaça par une écurie de luxe avec sellerie, bourrellerie et logement pour son cocher. Il fit bâtir aussi par Alphonse Denève, entrepreneur à Roncq, une fermette au toit de chaume qui brûla en 1931. Elle fut reconstruite et est toujours habitée. Une partie de l'écurie servit de cantine aux enfants de l'école Immaculée Conception, située juste en face, sur un terrain, don d'Edouard Bonduel. Cette école, bâtie vers 1912, servit d'hôpital militaire allemand pendant la guerre de 1914-1918. Juste à côté, il y avait un café avec une bourloire où l'on déposait les soldats morts avant de les enterrer au cimetière de Roncq-Centre, dans un carré réservé à cet effet. 

rue de la Latte

 

Toujours à gauche, habitaient les derniers marchands de vieux métaux de Roncq, Julien Charlet et ses enfants. A droite, deux rangées de maisons de tisserands: la rangée Dupont du nom des propriétaires, Henri et Cyrille, filateurs de lin à Roncq vers 1850 et bâtisseurs de la propriété « Les Tilleuls », mairie actuelle. La rangée Desailly était la propriété d'un boucher. Dans la dernière maison de cette rangée, les frères « Grey » tissaient encore à la main en 1935. Entre les 2 rangées, il existait une petite forge qui fut démolie en 1914 avec l'intention de la rebâtir en l'agrandissant mais à cause de la guerre le projet tomba à l'eau.

 En 1887, le 9 juillet, Edouard Bonduel demande l'autorisation de faire construire une briqueterie permanente sur son terrain à gauche de la rue de la Latte. Après l'incendie de son moulin à huile, en 1891, le frère d'Edouard, Jules-César qui s'en occupait, se reconvertit dans la brique et les 2 frères s'associèrent.

 En 1892, les frères Bonduel demandèrent une autre permission pour faire bâtir une briqueterie à four continu probablement pour agrandissement et, en 1897, construction d'un hangar pour entreposer les briques terminées. La briqueterie fut endommagée durant la première guerre mondiale. Les frères tentèrent bien pendant quelques années de reprendre leurs activités après le conflit mais ne purent y parvenir. On sait qu'il y avait aussi un four à l'air pour la cuisson de briques ( Facture de 1899 ). La briqueterie désaffectée devient le terrain de jeu des gamins du quartier et servit d'abri pour la défense passive en mai 1940. Des habitants de la rue de la Latte, y passèrent des nuits sur la paille par crainte des bombardements fin mai 1940, lors de l'avance allemande et des combats à la frontière sur la Lys. 

Il y a peu de temps encore, on pouvait voir le long du boulevard d'Halluin, des champs en contrebas de la route. C'est là qu'on extrayait l'argile nécessaire pour faire les briques. On enlevait la couche de terre arable que l'on mettait précieusement de côté, on retirait l'argile qui était juste dessous, on remettait ensuite la bonne terre et le fermier pouvait de nouveau cultiver son champ qui était seulement un peu plus bas. 

C'est à droite à peu près où se trouve l'allée Romain Rolland que fut tué en 1914-18 Louis Destombes, père de Emile, qui habita plus tard à cet endroit, et grand-père de Monseigneur Emile Destombes, évêque de Pnom Phen. Il ne faut pas oublier le cabaret-épicerie « Les quat' mazinques » qui donna son nom à la résidence des quatre mésanges (nom francisé). « Mazinque », en patois, signifie « mésange » mais aussi « jeune fille délurée ». Dans ce cabaret-épicerie, il y avait aussi quatre femmes. L'enseigne représentait une branche avec quatre mésanges. 

Derrière le café étaient organisés des combats de coq. En suivant une autre rangée de maisons de tisserands la « Rangée Castelle » dont la première maison fut démolie ainsi que le cabaret des 4 Mazinques pour percer la rue Maurice Thorez. 

En face de la rangée Castelle, un petit ruisseau s'en allait à travers les champs (le lacque) et allait dans la becque. L'eau y était si claire qu'il y poussait du cresson.

 

rue de la Latte

 

Puis venait, à gauche, la ferme Destombes Flament dont nous avons parlé dans l'article sur le CIT. (N.E. du 15.02.1998). 

C'est un peu après 1930 que fut construite, sur la droite, la rangée que les gens appelaient « Nouvelle Rangée » ou « Nouvelles Maisons », bénéficiaires de la loi Loucheur, votée en 1928. La premièe maison plus cossue était bien différente. C'était la maison d'un marchand de volailles que les Flamands appelaient Kakebeen. Pendant un temps on pouvait voir dans la cour un petit renard apprivoisé. Ce sont les dernières habitations de la rue avant la rue du Dronckaert. 

La rue de la Latte était très fréquentée par les ouvriers frontaliers qui travaillaient à Tourcoing. Certains y allaient en vélo, d'autres en autobus. Vers les années 1936, il en passait une cinquantaine que les enfants s'amusaient à compter. 

Ces ouvriers et ouvrières emmenaient toujours un thermos ou une burette remplis de café. Un soir, voulant se débarrasser du surplus, quelqu'un vida le reste par la fenêtre du bus. Malheureusement, un passant reçut le liquide sur la tête. Il releva le numéro de l'autobus et alla porter plainte au commissariat. Le lendemain soir la police attendait le car et dressa procès-verbal à la contrevenante (Récit Journal de Roubaix de l'époque). 

Lors de la grève dans le textile en 1931, les ouvriers belges travaillaient quand même. Les jours de paie, en revenant le soir, ils plaquaient contre la vitre du bus leurs billets de banque qu'ils venaient de recevoir, narguant ainsi les Français qui ne travaillaient pas. On pouvait voir cette provocation depuis les premières maisons jusqu'à la sortie de Roncq. Albert, qui habitait rue des Arts, l'a souvent raconté. 

La rue de la Latte a le privilège d'avoir vu se reconstruire la chapelle Notre-Dame des Champs qui se trouvait dans les champs, à 400m de là, aujourd'hui C.I.T. C'était en 1987.

rue de la Latte

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ancien document

Jacqueline et Julien

avec l'aimable autorisation de Nord Eclair
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rubrique RONCQ

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