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RUE DU DRONCKAERT zoom sur la vue aérienne

Ce nom, à consonance flamande, a vu son orthographe malmenée au cours des siècles.

Selon les documents, on la trouve écrite: Dronckaerd, Drunckard, Dronckaard, Droncart.

Etymologiquement, le mot signifie "ivrogne " du flamand et du néerlandais " drunck ": boire. La rue de l'ivrogne !

C’est, plutôt curieux car la route est droite comme une chandelle et ne zigzague pas dit tout comme un ivrogne. Ne serait-ce pas plutôt le lieu-dit " Le Dronckaard " près de Lauwe en Belgique qui lui aurait donné son nom? Cette route longue de 12 km, dont 3 km 500 sur Roncq, part du rond-point de la Croix-Blanche (ou " Cabu ") , passe à Roncq, à Neuville, traverse la frontière à Reckem, passe à Lauwe, à Marke pour gagner Courtrai.

En 1726 on l’appelle " Le grand chemin de Lille à Courtrai ". Nos voisins belges lui donnent le nom de " Groote Herstraete " " grande voie romaine ".

Selon un archéologue lillois M. Rigaux, cette route aurait une origine antique, partant d’Arras, elle passait par Lens, Lilie, Marcq, Roncq, gagnait Courtrai puis Gand.

Au IXe siècle, des historiens furent frappés par son aspect rectiligne rappelant les voies romaines. Cette hypothèse fut confirmée par deux géologues en 1950, M. Vierin qui, après recherches trouve

une couche de cailloux à 1 m 30 de profondeur, mélangés avec des pierres de Tournai et des tuiles romaines, et aussi par M. Warlop, dans son livre: " Heerweg Kortrijk Rijsel ":

 

" La route de Courtrai à Lille ". Toujours, selon d’éminents historiens, la rue du Dronçkaert serait plus ancienne que la RN 17~ (Tronçon Croix-Blanche - Hailuin) qui pourtant existait déjà en 1369.

Voie romaine ou non, c’est le grand chemin de Lille à Courtrai qu ‘empruntaient les diligences. Elles partaient de Lille (porte de Gand) à 6H du matin l’été, 6H30 l’hiver, via La Madeleine, Marcq en Baroeul, Bondues, Roncq, Neuville, reckem, Lauwe, Marke, Courtrai et gand, déposant colis et courrier dans les relais de poste de chacune de ces villes. Il y avait des berlines à 6 places et des diligences plus importantes.

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les voitures s'arrêtaint à l'auberge du Pied de Boeuf.

Après l'historique du nom ("l'ivrogne") qui ne convient pas à cette route rectiligne qui reliait, dans l'antiquité, Arras et Gand, et était emprunté par les diligences de Lille à Courtrai, Jacqueliné et Julien content les souvenirs liés à la rue du Dronckaert. 

Sur le territoire.de Roncq, les voitures s'arrêtaient à l'Auberge du Pied de Boeuf, située au lieu-dit du même nom. L'origine de ce nom est difficile à établir. L'encyclopédie nous informe que l'huile de pied de boeuf était utilisée pour réclairage au temps des lampes a huile, car elle était plus grasse donc plus économique. Y aurait-il eu dans les alentours de Vauberge une fonderie fabricant cette huile. Pourquoi pas? En 1608 l'auberge était déjà là. Dans les actes de rémissions (lettre de grâce en faveur d'un condamné -  Archives dép. de Lille) le 11 mai 1608, un certain Louis Dessauvages venant de Bondues et rentrant chez lui entra dans l'auberge pour jouer aux bourles, se prit de querelle avec Pasquirr Rohart et le tua.

L'auberge, appelée alors Le Vieux Pied de Boeuf fut exploitée pendant 169 ans (de 1777 à 1946) par la famille Loeul d'où est issu Alhonse Loeul, ancien maire de Roncq. 

Comme nous l'avons vu plus haut, il existait déjà une bourloire en 1608, mais c'est en 1880 qu'Henri Loeul fonda une société de bourles, La Saint-Paul, dont le premier président fut François Houzet. Chaque année, aux environs de la Saint-Paul l'Ermite (15 janvier), la société fêtait son saint patron." Le Journal de Roubaix " est allé en 1930 interviewer M. Désiré Loeul qui raconta comment se passait la fête de Saint-Paul. 

24 mai 1930. Interview de Monsieur Désiré Loeul parle Journal de Roubaix:

Avec son affabilité coutumière, M. LoeuI se mit à notre disposition, secondé par l'aimable Mme Loeul. Il nous conta l'histoire de la société des bourleux qui fut fondée par son père, Henri Loeul, tenancier de l'estaminet du Vieux Pied de Boeuf et comment se fêtait la SaintPaul l'Ermite~ patron de la société.

Plusieurs mois avant la fête qui se célébrait un dimanche fin janvier (Saint-Paul 15janvier), chacun s'y préparait activement, goûtant à l'avance les plaisirs qu'il s'y promettait. Les femmes aussi étaient impatientes d'en voir arriver le jour, car chaque bourleux amenait sa compagne qui, bien souvent, inaugurait le nouveau tablier en « cotonnette » ou le nouveau caraco qu'elle s'était fait confectionner pour la circonstance. Vers midi, on se réunissait au local et en cortège on allait, précédés des musiciens prendre chez elle la reine qu'on escortait jusqu'au siège. En chemin on s'arrêtait chez les cabaretiers membres de la société, a on y prenait quelques   verres de bière, laquelle, à cette époque, était vendue à la canette (1 litre).

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le boulevard des concessionnaires est connu dans toute la métropole. on y trouve toutes les marques, même celles qui ne qont pas sur la photo.

 

Au dernier épisode sur  la rue du Dronckaert, Jacqueline et Julien contaient l’animation qui régnait dù côté de l’auberge du Pied de Boeuf. L’article se terminait en plein suspense: nous l’avons arrêté en pleine fête de la Saint-Paul l’Ermite, racontée par Désiré Loeul, interviewé par le Journal de Roubaix le 24 mai 1930. Voici la suite.

La reine présidait le banquet. Le menu n’en était pas bien compliqué. Il se composait, selon la tradition, d’un bon bouillon, d’un morceau de " boulli " avec carottes étuvées et pommes de terre, puis venait lé jambon (20 sous le kilo) suivi ‘du gâteau. Le tout arrosé de la bonne bière du pays. Et pour couronner tout cela, le café arrosé du petit verre.

Le banquet était à peine arrivé en son milieu qu’arrivaient les gamins et gamines des bourleux, revenant des vespres où ils avaient été envoyés.

Timidement d’abord, ils s’approchaient des fenêtres, tentant d’apercevoir le père ou la mère, puis s’enhardissant ils entraient. Dans une salle voisine on trouvait une rondelle de bière " en perce " qu’avait offert le brasseur. Les enfants en recevaient leur part, puis paraissait la mère qui leur remettait de son gâteau qu’elle avait réservé.

 

Puis, gamins et gamines, s’en allaient heureux d’une telle aubaine. Cependant la fête se continuait dans l’accord le plus parfait parmi lès rues et les chants. Le fait pour un bourleux de manquer au banquet de Saint Paul consistait une faute grave; les statuts édictaient à son égard une peine sévère de 1 franc d’amende s’il n avait pas une excuse valable.

 

Mais la Saint-Paul n’était pas la seule solennité de l’année. Une autre fête avait lieu, c’était la nomination de la reine lors de la Saint-Louis. Dans l’après-midi, on allait en cortège prendre chez elle la reine qui devait abdiquer. Le cortège, parmi lequel prenaient place les dames des bourleux, se dirigeait vers le local où commençaient les opérations pour la nomination de la nouvelle reine.

 

Ces opérations étaient bien simples, elles consistaient en une partie de boule à la platine, à laquelle ne participaient que les dames. Celle qui réunissait le plus de points était nommée reine pour l’année, et la nomination était suivie d’une une fête. L’Auberge du Pied de Boeuf fut démolie en 1985 pour faire place à un lotissement.

Dans un prochain épisode, on verra qu’il n’existait que peu de maisons au plan cadastral de était parsemée de fermes et de bistrots, dont le dernier a fermé récemment

 

 

Lors du dernier épisode sur cette longue rue, Jacqueline et Julien nous racontaient en détail, par la

bouche de Désiré Loeul, interviewé par le Journal de Roubaix en 1930, la fête de la Saint-Paul l’Ermite,

à l’auberge du Pied de Boeuf. Voici à présent une autre anecdote savoureuse.

 

En 1877, la route a été coupée par la ligne de chemin de fer Tourcoing Menin; et de 1922 à 1954, elle était enjambée par la passerelle où roulait le tramway (voir notre article " La déviation ")

 

A la fin du siècle dernier, il y avait plusieurs briqueteries le long de la rue du Dronckaert: Augustin Masquelier en 1892 prés de l’Auberge du Pied de Boeuf, Bonduel frères en 1893 au coin de la rue des Chats-Huants (rue H.-Barbusse), Lapeyre en 1887.

 

Une enquête de commodo et incommodo, de 1897, nous apprend qu’un certain M. Daels de Tourcoing avait demandé la permission de faire creuser ce qu’il appelle pudiquement " une citerne à engrais ". Ce monsieur exerçait le métier de vidangeur. La permission accordée, les habitants du quartier ont vu défiler de nombreux tonneaux de vidange des WC de Tourcoing (à une époque où le tout-à-l’égoût n’existait pas) que notre homme déversait dans sa citerne en prévision d’une revente aux fermiers comme engrais. Cet entrepôt à l’air libre dégageait bien sûr une odeur nauséabonde dont se plaignaient les riverains. Pour leur donner satisfaction, le sieur Daels fut condamné à poser sur sa citerne une plaque de ciment. C’était à l’emplacement du Cap Bleu face au garage Peugeot.

(A suivre)

Jacqueline et Julien

Dans les années 1970, la rue du Dronckaert en travaux.

Vue vers le Pied de Boeuf Dans là rangée de gauche, Baptiste Behaert y avait tenu un café "Au retour des coqueleux". A droite; la maison "Floie" (un maraîcher), devenue ensuite une discothèque: "Le Play-Boy". Puis disparue pour laisser place à une grande entreprise. (Ph. Julien Olieux)

 

Jacqueline et Julien

Jacqueline et Julien

avec l'aimable autorisation de Nord Eclair
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