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Histoires roncquoises

marchands de crème à la glace
1 -la naissance
2 - le baptême
3 - l'enfance
4 - la scolarité
5 - la communion
6 - les jeux d'enfant
7 -le travail des enfants
8 - le service militaire

 

Marchands de "crème à la glace"

C'est ainsi qu'on appelait autrefois les personnes qui circulaient dans Roncq pour vendre de la crème glacée. Dès le retour du printemps et les premiers beaux jours, on les voyait sillonner les rues et passages pour proposer leurs friandises, qu'ils fabriquaient eux-mêmes.

Voiture à bras, triporteur, petite charrette attelée d'un petit cheval ou poney, leur servaient à transporter la précieuse marchandise. Ses moyens de transport étant toujours de couleur claire, ornés et décorés. On se souvient de la charrette de Paul Vanwalleghem dit « ballon » sa terre en ayant vendu aux fêtes et ducasses qu'il avait aménagée avec miroirs, moulures et autres décorations. Le marchand de « crème à la glace » s'annonçait avec les moyens habituels, trompe, cloche, sonnette...

aussitôt, les enfants et les adultes du coin à court et pour acheter un cornet ou une "gaufrette". Il y avait les cornets à 5 ou 10 sous, ceux à double boule et les "gaufrettes" entre lesquelles on mettait la crème. Les "frigos" n'existaient pas dans les foyers, c'étaient aux beaux jours qu'on mangeait de la crème glacée. Le plus souvent parfumée à la vanille. il y avait aussi à la framboise, pistache, chocolat, mais le choix était bien plus limité qu'aujourd'hui.

Nos marchands avaient leur quartier, car lorsqu'ils étaient passés, il n'y avait plus de bonnes ventes à espérer. leurs activités a disparue avec l'arrivée des frigos et congélateurs. Toutefois, lors de grands rassemblements et fêtes, on peut voir une camionnette bien équipée avec beaucoup de choix. Un souvenir de plus de notre jeunesse, mais avec le progrès nous pouvons déguster de la crème glacée tous les jours.

Jacqueline et Julien.

A cent ans de l'an 2000

La saga estivale de Jacqueline et Julien.

 A l’aube de l’an 2000, Jacqueline et Julien ont voulu évoquer comment vivaient nos aïeux il y a cent ans, en milieu ouvrier, de la naissance à la mort. C’est ce qu’ont vécu leurs familles, et eux-mêmes, plus tard.

Le premier épisode raconte tout ce qui tournait autour de la naissance. Puis nos chromiqueurs évoqueront le baptême, l’enfance, la scolarité, la communion, les Jeux d’enfants, le travail des enfants et, enfin, le service militaire. Cette saga estivale risque de vous enchanter. Par les documents retrouvés par Jacqueline et Julien et leurs anecdotes, elle vous étonnera à coup sûr. N’hésitez pas à les contacter, vos remarques sont autant de pierres ajoutées à l’édifice de l’histoire roncquoise. Bonne lecture et bonnes vacances en compagnie de Nord Eclair !

 

1 - La naissance

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avril 1952 Mme Pauline Declercq, doyenne de la population, le Maire Alphone Loeul (2 ème à gauche)

Dès qu’elle se savait enceinte, la première préoccupation d’une femme était de retenir son tour auprès d’une " femme de couche " qui viendrait assister à la naissance. Car à cette époque, on accouchait chez soi. C’est elle qui mettait le bébé au monde. On envoyait chercher le médecin si cela allait vraiment trop mal Il y en avait plusieurs à Roncq qui occupaient cette fonction en plus de leur ménage. L’une d’entre elles, Pauline Declercq, était la plus connue. Elle avait eu une nombreuse progéniture et connaissait donc bien la question. Elle est devenue doyenne de Roncq en avril 1952.

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avril 1952, Alphonse Loeul à côté de Mme Declercq

Le "pichou" anti-fuites

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Un bébé emmailloté dans un "pichou", fermé par une grosse épingle de nourrice.

Revenons à notre future maman. Il fallait maintenant s’occuper de la layette. Celle-ci étaitt assez rudimentaire: une petite brassière de toile fermant dans le dos, un mouchoir de cou (carré de toile plié en coin) pour soutenir les vertèbres cervicales de l’enfant, noué dans le dos, et au-dessus une autre brassière de toile épaisse, souvent en piqué de coton. Pour le bas du corps, comme les " petites culottes à élastique " n’étaient encore inventées, il fallait préparer bon nombre de " loques " (langes) avec des draps usagés.

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Les jeunes ménages avaient souvent recours à la famille, car leurs draps étaient neufs. Une loque était un carré de 80 cm de côté environ que l’on pliait en coin, le grand côté autour de la taille, la pointe passant entre les jambes. Le tout était attaché avec des épingles de nourrice. Par là-dessus, on mettait un "pichou ". fait avec des bouts de couvertures usagées ou, à défaut, des "wassingues" (serpillères)

neuves. Ce "pichou " était attaché à la taille du bébé et lui descendait jusqu’aux pieds en serrant bien fort les jambes pour qu’elles ne soient pas arquées. Un petit bonnet de toile complétait le tout.

La layette en laine n’existait pas encore car c’était trop cher et ce n’était pas la coutume.

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"L’ piau divine"

Commençait alors pour la femme enceinte un tas d’interdits :ne plus faire de vélo, ne pas faire de confitures, de conserves (car cela ne conserverait pas) et surtout, quand il lui prenait une envie (café, fraise, raisin) qu’elle ne pouvait satisfaire, elle ne devait pas poser ses mains sur une partie de son corps, car disait on, le bébé naîtrait avec une tache brune, rouge, violette ou autre sur la même partie du corps.

Après la naissance, le placenta était enterré dans le jardin, avec une pincée de sel et un peu d’eau bénite pour conjurer le mauvais sort (cela s’est encore vu à Roncq, en 1949 et 1960)

En ville, on le jetait dans les " toilettes ".

Le signe d’une heureuse naissance, c’est lorsque le bébé naissait avec " l’piau divine ", c’est-à-dire de la membrane amniotique, autour de la tête. On disait alors qu’il était né " coiffé ". D’après une croyance populaire~ cet objet avait le pouvoir de porter bonheur non seulement au bébé, mais aussi à tous ceux qui la possédaient. On le gardait donc précieusement.

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Alexandre Desrousseaux lui aussi né coiffé, porta sur lui, pendant les sept années de son service militaire, " l’piau divine * de sa naissance, comme porte-bonheur.

Quand tout se passait bien, les mamans étaient sur pied au bout de quelques jours.

Mais il n’était pas rare que, faute d’hygiène et de soins adaptés, la jeune femme mourait de fièvres puerpérales ou autres maladies.

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2 - le baptême

N’hésitez pas à les contacter, vos remarques sont autant de pièces ajoutées à l’édifice de l’histoire Roncquoise. Bonne lecture et bonnes vacances en compagnie de Nord Eclair!

Les nouveau-nés étaient tous baptisés, parfois plus par superstition que par conviction religieuse. A cause de la forte mortalité infantile, le baptême devrait avoir lieu très vite après la naissance.

 

On raconte que dans une famille on emmenait le bébé qui venait de naître pour le faire baptiser, quand la maman se sentant mal mit au monde un second bébé qui fut vite lavé et habillé et baptisé en même temps.

Au début des années 50, un curé annonçait la fin du baptême par une sonnerie de cloche: la grosse si le baptisé avait moins d’une semaine, la petite si l’enfant avait plus de 8 jours.

Le choix du parrain et de la marraine était très délicat. D’abord, il ne fallait pas que la future marraine soit enceinte, car alors un des deux bébés mourrait!

La coutume voulait aussi que le parrain soit le frère aîné de la maman et la marraine la sœur aînée du papa. Malheur à ceux qui transgressait cette " loi " car cela amenait des brouilles dans les familles.

Ainsi une roncquoise fit le contraire et donna pour parrain le frère du papa et pour pour marraine la soeur de la maman. Le frère aîné de celle-ci lui en voulut toute sa vie au point de ne plus la revoir lors des fêtes de famille.

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On partait à l’église à pied, l’enfant habillé d’une longue robe de baptême blanche qui passait de génération en genération, un petit bonnet complétait la toilette. C’est la femme de couches qui portait l’enfant recouvert d’un grand châle de laine, blanc, lui aussi. La cérémonie avait lieu aux fonts baptismaux. Quand les petits frères et soeurs, cousins et cousines assistaient au baptême, on leur donnait un petit cierge, ils étaient nommés parrains et marraines " à la chandelle ". Ou allait ensuite arroser le nouveau baptisé. Souvent à la "Tête d’or", ensuite dans. quelques estaminets situés sur la route, ce qui, occasionnait parfois quelques cuites.

Après la naissance, la maman n’avait pas le droit de sortir de chez elle avant la messe de "relevailles " ou de " purification ". Celle-ci avait lieu 4 à 6 semaines plus tard. C’est toujours la femme de couches qui portait le bébé. Cette messe se faisait à l’autel de la Sainte-Vierge. Mais ne le dites pas à M. le curé, certaines mamans mettaient ce jour-là, par superstition, une poignée de sel dans leur poche.

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Fernand et Réné (les beaux frères de Jacqueline), deux petits frères en 1911. Celui portant sa robe a 2 ans à l'époque, l'autre Réné aura 93 ans en décembre!

3 . L'enfance

L’enfance. Beaucoup d’enfants mourraient très vite: congestion pulmonaire, diarrhée, convulsions, diphtérie, car dans beaucoup de familles l’hygiène était nulle. Par exemple, en guise de tétine, on trempait du pain dans du lait, on l’essorait et on en mettait un peu dans un petit carré de toile lié aux 4 coins par un fil. On mettait cette tétine improvisée dans une tasse de lait placée sur le coin du feu et quand l’enfant pleurait, on la lui mettait dans la bouche.

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Le bébé était nourri au lait maternel en général, puis au lait de vache que l’on allait chercher à la ferme, ensuite on délayait de la farine pour faire une bouillie. Plus tard, c’était le régime pommes de terre écrasées dans le lait. Il fallait des années avant que l’enfant mange comme les adultes. Dans certaines familles, on prévoyait une chèvre pour la date de la naissance. C’est. une coutume qui venait des Flandres. Pour les bébés qui pleuraient trop, afin d’avoir la paix, des mamans mettaient bouillir dans le lait des graines de pavot Mais déjà les gens s’étaient rendu compte que certains enfants traités ainsi, restaient abrutis ou tarés.

Quand un enfant n’était pas encore propre et commençait à marcher, on l'habillait (garçon ou fille) avec une robe assez longue sans culotte. Ainsi, quand il se soulageait, le petit ne se mouillait pas et cela faisait moins de lessive à la maman. Plus tard, dans la mesure ,du possible, les vêtements des aînés étaient portés par les cadets.

Pour apprendre à marcher, l’enfant était mis dans un "alloir ". Quatre pieds de bois étaient reliés par des traverses~ Les plus longues 1,50 m environ formaient une glissière dans laquelle coulissait une planche percée d’un trou assez grand pour y passer l’enfant Ses petits pieds posaient par terre et le faisant manœuvrer, il pouvait aller d’un bout a l’autre de l’alloir et revenir sur ses pas. Il se soutenait avec ses bras appuyés sur la planche.

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Quand un enfant était malade, on n’appelait pas facilement le docteur, car cela coûtait cher et il n’y avait pas de Sécurité sociale. Pour qu’il n’ait pas de convulsions, on lui mettait au cou un petit collier en perles d’os. S’il avait la colique, on lui donnait de la "Windoi" (huile de vent). Quand il’ toussait, on lui fabriquait du sirop de ramola (radis noir). Pour les rhumes, un cataplasme à la farine de moutarde. Pour beaucoup de maladies on allait " servir " dans telle ou telle paroisse ou chapelle des environs, à Dadizeele, à Notre-Dame des Fièvres au Colbras, à la Marlière, à Menin au couvent des Bénédictines, etc.

On y apportait un linge, un objet appartenant à l’enfant, le prêtre récitait quelques prières et bénissait l’objet A Roncq, une petite dame âgée, toujours vêtue de noir, venait presque chaque jour " servir " pour telle ou telle famille qui bien sûr la rémunérait Cette personne accompagnée d’une petite fille vêtue de blanc qui tenait un cierge allumé venait en tête de certains cortèges d’enterrement On l’appelait < la pleureuse>. On appelait le médecin quand bien souvent il était trop tard.

A Roncq, la municipalité payait le docteur Galissot entre autres pour soigner les plus pauvres.

4 - La scolarité

Après l’enfance, Jacqueline et Julien nous parient de la vie scolaire il y a presque un siècle. Une période heureuse qui ne durait pas aussi longtemps qu’aujourd’hui.

Dès qu’ils étaient propres, les enfants étaient mis à l’école à environ 2 ou 3 ans. Les parents avaient le choix entre l’école chrétienne dite libre et l’école officielle dite laïque selon leurs convictions.

Mais bien des parents hésitaient de confier leurs enfants à la première car là il y avait 2 catégories d’élèves:

"les riches " et "les pauvres ", qui n’avaient aucun contact entre eux, ni dans les classes, ni dans la cour de récréation. Les " riches ", qui payaient leur scolarité avaient, vers 11 h, un bol de soupe fraîche. Si par hasard

elle était un peu brûlée, les " non payants " en profitaient.

La fréquentation de l’école était très aléatoire. Les parents qui avaient besoin de leurs enfants pour des besognes quelconques (travaux des champs, jardins, rempaillage de chaises, etc.) les retenaient chez eux.

Mais les enfants des campagnes aimaient mieux courir les champs et faire l’école buissonnière (faire queuette) pour aller à " l’maraude " dans les pâtures où poussaient, à l’époque, pommiers et poiriers en abondance. Pris sur le fait, le fermier ou le garde-champêtre, les ramenaient chez eux. Une fois même, s’étant introduits dans le parc du château Leurent pour y voler des prunes, le jardinier Camille leur tira dessus avec’ des balles de sel. Atteints dans la partie charnue de leur individu, les gamins n’eurent plus qu’une solution pour éteindre les brûlures atroces que d’aller s’asseoir dans une mare pour faire dissoudre le sel

De retour à la maison, le fautif recevait souvent une raclée qui serait considérée à notre époque comme mauvais traitement à enfants:

engueulade, coups de martinet, coup de ceinturon (du côté de la boucle bien sûr). L’enfant se retrouvait ensuite au coin, à genoux, les bras levés. Ces punitions semblent incroyables à la veille de l’an 2000. Il faut dire que les parents avaient

la vie rude, la plupart étaient flamands, venus travailler dais la région (il y avait au début du siècle à Roncq 57% de Flamands). Ils ne connaissaient pas le français et étaient souvent analphabètes. Ils ne pouvaient admettre que leurs enfants négligent l’école où ils pouvaient apprendre à lire, écrin et compter.

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L'école publique du Blanc-Four. les trois quarts de ces bambins mourront au champ d'honneur en 14-18.

A l’école, ce n’était pas toujours tout rose non plus. Le maître se promenait dans la classe avec une baguette à la main et inspectait ses élèves: des ongles sales, 1 coup de baguette sur les doigts, on se tient mal, 1 coup de baguette, un élève indiscipliné, plusieurs coups sur le postérieur et ainsi de suite. Il ne fallait pas parler en classe car alors c’était des lignes à copier 100 fois dans le genre: "Je ne dois pas parler à mon voisin ". Ou encore la même phrase conjuguée : " je ne dois pas parler à mon voisin, tu ne dois pas parler ..etc " .

De retour à la maison, papa ou maman disait : " Ah ! tu as eu des lignes à faire et bien tu en feras autant pour moi ". De toutes façons, c’étaient toujours l’instituteur ou l’institutrice qui avaient raison aux yeux des parents. Au début du XXème siècle,les enfants n’allaient pas longtemps à l’école. Dès 11 ans, ils étaient envoyés au travail. Il faut ajouter qu ‘à l’école, les filles apprenaient la couture, la cuisine et l’entretien de la maison, choses utiles quand elles seraient mariées.

 

5 - La communion

A l’école catholique, le catéchisme et l’instruction religieuse faisaient partie du programme scolaire. Les prières étaient récitées au début et à la fin de la classe. Au mois de mai on récitait le chapelet en entier au début de l’après midi. Les élèves s’acheminaient ainsi petit à petit vers la première communion qui avait lieu à il ans en même temps que la profession de foi.

A l’école officielle il n’en était évidemment pas de même. Dès la sortie des classes à 11h30, les enfants couraient vers l’église où les attendait la cathéchiste. Le jeudi après la messe et une longue prière qui n’en finissait plus, le vicaire prenait en mains la petite troupe pour faire réciter les leçons (questions et réponses) apprises pendant la semaine. A Saint Piat, la cérémonie de communion se déroulait ainsi: le matin à 6h30 réunion à la salle paroissiale rue Galissot, puis cortège jusqu’à l’église accompagné du clergé et d’un chantre qui s’époumonait à chanter en latin un cantique auquel on ne comprenait rien à l’église. les garçons étaient placés à droite, les filles à gauche.

Aux premiers rangs, les enfants de l’école libre, derrière les autres. Après la messe de communion, retour à la maison, petit déjeuner et à 10h grand messe. Après le repas de midi, Vespres à 15h et profession de foi aux on baptismaux. La main droite levée et la gauche sur le coeur, il fallait réciter la formule " je renonce à Satan à ses pompes et je m’attache à Jésus Christ pour toujours ". Promesse vite oubliée dans beaucoup de cas.

Les garçons portaient un costume avec pantalon court avec au bras un brassard blanc. Les filles avaient une robe blanche parfois brodée qui comme la robe de baptême passait de génération en génération. Comme cadeau, les communiants recevaient un missel, un chapelet, un crucifix, une médaille et pour les plus riches parfois une montre.

Un élément très important jadis pour la communion solennelle était le cierge. Il était vendu dans des petits magasins du Blanc-Four et du Centre. La grandeur était pratiquement la même pour tous mais le poids variait d’une à plusieurs livres.

On l’ornait de grosses fleurs artificielles, toutes les mêmes, mais en nombre variable suivant les ressources de la famille. Un seul cierge était différent, c’était le cierge pascal, finement ciselé et agrémenté de brillants. C’était alternativement la première ou le premier du catéchisme qui avait le " privilège " de l’acheter.
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Madeleine, en 1916. Pas de robe blanche à cause de la guerre 14-18

Les cierges étaient portés par les enfants lors du cortège le matin, parfois des parents les aidaient vu le poids. Portant le nom de chaque enfant, ils étaient repris l’après-midi pour la cérémonie de renouvellement de vœux du baptême près des fonts baptismaux. Ils étaient ensuite laissés en " cadeau " à la paroisse. Le cierge pascal, lui était employé pendant l’année suivante dans le choeur de l’église.

Peu avant la dernière guerre une marraine avait promis à son filleul le plus gros cierge avec plein de fleurs s’il était dans les cinq premiers. La maman du communiant, sa belle-soeur, lui dit: " Louise tu ne pourras pas payer un cierge avec des fleurs, il est premier ".

Le lendemain, toute la filature Laurent, où travaillait la marraine, savait qui était le premier cette année-là. Et le cierge pascal fut payé par l’épouse d’un militant communiste.

Un très brave homme au demeurant, cet oncle, qui avait épousé une ancienne "Enfant de Marie!": ce n’est pas du Don Camillo, mais de l’authentique Roncquois! Le lendemain, il fallait de nouveau aller à la messe, communier et recevoir le scapulaire (genre de médaille en tissu attachée au cou par un cordon).

Après la messe, mamans et enfants étaient souvent invités pour le petit déjeuner chez leur boulanger qui leur offrait chocolat et gâteau.

On faisait ensuite la tournée des visites chez les parents et amis qui bien sûr! mettaient la main à l’escarcelle, en remerciement de l’image que le communiant leur donnait.

6 - Les jeux d'enfant

A l’heure du multimédia et de la "playstation ", difficile d’imaginer des parties de fous rires avec des Jouets en bois ou des bouts de chiffon. Et pourtant...

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En ce temps-là, rares étaient les enfants qui avaient des jouets. Il fallait vraiment que les parents soient aisés. Un papa bricoleur fabriquait parfois une petite charrette ou une rouette en bois, une maman fabriquait une poupée en chiffon pour la petite fille. On jouait aux billes, " les mapes " en terre cuite Les toupies étaient très rares. Faites en buis avec une pointe en métal on la faisait tourner après y avoir enroulé une corde.

Au printemps, c'était la chasse aux hannetons, " les bruants". Vers le soir, les garçons allaient, le long des haies dans les pâtures et avec leurs casquettes ou leurs bérets, capturer les pauvres be6tioles. Après les avoir nourries de feuilles, les arnements attachaient un il a la patte de l’insecte et le faisait voler.

Lorsque les moissons étaient terminées, les " carcasses " faisaient leur apparition. C’était des cerf volants, munis d’une longue queue de papillotes.

Elles étaient fabriquées avec des archelles ", branches de saules tétard ou de l’osier

papier: la colle servant la fabrication était faite avec de la farine et de l’eau. La ficelle de lin ou de coton provenait presque toujours de l’usine où travaillaient le père ou le grand frère. Les "carcasses" *, appelées parfois " dragons", pouvaient monter très haut et aller loin.

Souvent les jouets sortaient tout droit de l' imagination des enfants. On faisait des échasses avec des boîtes de conserve et de la corde une sarbacane avec une branche de sureau évidée. Les filles jouaient à la dinette avec comme assiette des carrés de papier, les pommes de terre des petits cailloux, la salade des brins d’herbe, etc.

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Un jour, un petit garçon découvrit une vieille voiture d’enfant qui roulait encore, son imagination aidant, il en fit un tramway. Il prit la casquette de son père et se retrouva wattman.

Hélas malencontreusement, il rata un virage et tamponna le landau de sa petite soeur.

Le bébé n'eut rien mais le landau était fichu. Le wattman en herbe ne fut pas puni mais put se servir du landau comme deuxième tramway.

Les petits enfants de maintenant ne sont pas en reste pour l’imagination. Il y a quelques mois, dans un magasin, un petit garçon de deux ans environ, lirait derrière lui une grande bouteille de lait vide attachée a une ficelle. " C’est mon chien ", dit-il à une dame qui rinterrogeait. Soudain tapant sur la bouteille, il dit: " Il est vilain, il a fait pipi dans le magasin".

7 - Le travail des enfants

Il y a 100 ans, les enfants allaient souvent travailler en usine vers l’age de 10 à l2

ans malgré la loi de Jules Ferry rendant l’école obligatoire de 6 à 13 ans.

Mais ces petits avaient pris très tôt la notion du travail. On commençait par aller chercher de l’herbe pour les lapins que ron élevait, on aidait le ‘père au jardin, les filles aidaient au ménage, s’occupaient des petits frères et soeurs.

Parfois, les enfants travaillaient dans les fermes environnantes pour ramasser les pommes de terre, balayer la cour, nourrir les cochons, la volaille, ramasser les oeufs, nettoyer les écuries, l’étable, la porcherie. Pour ces travaux, Ils recevaient une tartine avec du beurre, un bol de lait battu, et parfois quelques centimes.

Dès l'adolescence on les employait au " démariage "(éclaircissement) des betteraves qui commençaient à pousser Travail très pénible car il fallait le faire à genoux. Puis à l'arrachage des betteraves montées en graine, la récolte des navets. Bref, tons les travaux qu’ils étaient capables d’effectuer. Quand la maman était rempailleuse de chaises (il y en avait beaucoup à Roncq), les filles devaient s’y mettre très tôt. Les enfants de commerçants faisaient des livraisons.

Lorsqu’il avait fait sa première communion (à Il ans), le gamin entrait à l’usine. Après la guerre de 1914-1918, ce fut après le certificat d’étude primaire (à 14 ans) qu’il allait à l’usine, souvent le jour de son anniversaire, très souvent avec un adulte de la famille ou un ami.

Heureux celui qui trouvait du travail à Roncq, car il n’y avait pas de route à faire. Ceux qui travaillaient à Tourcoing devaient au début s’y rendre à pied, puis ensuite par le train (il y en avait 7 par jour). L’industrie textile étant très florissante, c’est là que la plupart du temps travaillaient ces enfants. Ils étaient bâcleurs, apprentis, donneurs de fils, etc.

Quand ils devenaient adultes, montaient en grade et devenaient peigneur, fileur, tisserand et parfois arrivaient à devenir surveillant ou contremaître. Si l’on était bon ouvrier, on pouvait rester dans la même usine depuis l’âge de 14 ans jusqu’à la fin de sa vie.

Pas de congés, le dimanche et les jours de fête étaient jours de repos. On est très, très loin de la semaine de 35 heures.

La journée était coupée à midi pour le repas. Ceux qui habitaient sur place, retournaient chez eux, les autres mangeaient une gamelle réchauffée a l’usine, d’autres encore allaient à la cantine de l’usine, quand il y en avait une ou dans un des cafés-dîneurs très nombreux autour des usines. A Roncq, on en comptait 4 ou 5 près de la gare.

 

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Arthur Devoghel, fils de Cyrille Devoghel et de Victoire Bostyn, frère utérin de Jules Olieux.
Décédé à Roncq à l'âge de 14 ans. Il travaillait à la filature de la vallée à Roncq.
Mort de tuberculose. On dit qu'il avait pris froid après s'être baigné dans le bassin du réfrigérant de l'usine.

8 - Le service militaire

Au début du siècle on était fier d’être "bon pour le service".

Le tirage au sort fut supprimé défimtivement en 1905.

C’était un moment redoutable dans la vie d’un jeune garçon. S’il tirait un mauvais numéro, le voilà précipité pour cinq ans, six ou sept ans dans la vie militaire (à moins que sa famille soit assez riche pour lui payer un remplaçant).

Certains allaient à la messe avant de tirer au sort, on faisait une neuvaine à la Vierge, certains utilisaient les secours d’un guérisseur ou autre superstitions.

Après le tirage, les "bons" numéros chantaient leur joie "BViv’ la loi (ler) qui n’veut pas d’nous ". Les autres attachaient leur chagrin dans le cabaret de la ville.

Après 1905, le conseil de révision remplaçait le tirage au sort. Tous ceux qui étaient reconnus " bon pour le service " attachaient une cocarde à leur veston et déambulaient dans la ville pour fêter ça.

Ceux qui avaient été exemptés avaient droit aux quolibets de leurs congénères et les commentaires des cancanières du coin qui émettaient alors des commentaires sur la santé et surtout la virilité du jeune homme Un homme qui n’a pas été soldat, c’est pas un homme ", avaient-elles coutume de dire.

Dans notre région frontalière, beaucoup de jeunes gens étaient issus de parents belges. Ils avaient donc la possibilité de choisir faire leur service militaire en France ou en Belgique. Dans une famille roncquoise, il y avait trois garçons nés a Boushecque. Leurs parents étaient Belges. Un seul d’entre eux passa le conseil de révision en France. Il fut étonné car il était mutilé des mains. Ses frères né furent pas soldats. Une autre famille comptait, elle aussi quatre garçons nés à Halluin de parents belges. L’aîné ne fut pas soldat Le second militaire en France, fut un héros de la guerre 1914-1918. Le troisième fit son service militaire en Belgique parce que c’était moins long mais il était toujours Français de coeur. Quant au quatrième, il fit son service en France et fut prisonnier de guerre en 1939. L’aîné fut tué en mai 1940 par un obus allemand à Halluin.

Tous parlaient flamand chez eux car bien souvent les parents ne comprenaient pas le français, si bien que le quatrième connaissant les deux langues servit d’interprète au régiment, pour des frontaliers. Peu de soldats du milieu ouvrier accédaient au grade de sous-officier lors de leur service actif, peut être à cause du manque d’instruction.

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Ce fier soldat ne savait pas qu' il serait un maire de Roncq:
il s'agit de Alphonse Loeul

Jacqueline et Julien

Jacqueline et Julien

avec l'aimable autorisation de Nord Eclair
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